Apporter des connaissances sur l’élevage aux citoyens afin de leur permettre de mieux définir leurs attentes en termes de bien-être animal, c’est l’objectif que nous nous sommes fixé, en partenariat avec la Chaire Bien-Être Animal.
Nombres d’enquêtes nous rappellent que le bien-être animal est un sujet de société et que les citoyens y accordent une certaine importance. Cependant, de leur propre aveu, leurs connaissances sur le sujet sont faibles (d’après les enquêtes Opinionway pour le LIT OUESTEREL), en partie du fait de leur éloignement du monde agricole. Aussi, lorsqu’ils prennent part à des discussions sur cette thématique, comme ce fut le cas lors d’ateliers que nous avons organisés, certains se sentent démunis et frustrés de ne pas pouvoir contribuer, d’autres font face à la limite de leurs connaissances ou à des a priori.
Dans ce contexte, nous avons souhaité tester le niveau de connaissances d’un groupe pilote de citoyens, et apporter à ce groupe des connaissances objectivées (i.e. basées sur des faits scientifiques et vulgarisés). Notre intention était triple : évaluer le niveau de connaissance générale d’un groupe de citoyens principalement non issus du monde agricole, tester des modalités d’apport de connaissances et enfin, évaluer les conséquences de cet apport de connaissances sur (i) leur appréciation de l’élevage et des conditions de bien-être des animaux, (ii) leurs comportements – déclarés – de consommation de produits issus de productions animales.
In fine, ce travail doit contribuer à créer des conditions de dialogue serein et constructif entre la société et les éleveurs en vue d’imaginer ensemble l’élevage de demain et la place qu’y occupe le bien-être animal.
Pour mener ce projet à bien, nous travaillons en étroite collaboration avec la Chaire Bien-Être Animal. Deux parcours d’apprentissage ont été proposés à des citoyens volontaires et à des volontaires recrutés. Ainsi durant l’été 2023, ce sont 100 citoyens qui ont suivi un parcours numérique autonome d’apport de connaissances pendant 4 semaines. Les participants ont été répartis aléatoirement dans deux groupes dont les parcours pédagogiques étaient différents : un parcours initial constitué de ressources pédagogiques concises et très vulgarisées et un parcours enrichi constitué de ressources pédagogiques portant sur les mêmes thèmes mais de façon plus détaillée. Les thématiques suivantes ont été abordées : fonctionnement des élevages (porcs, volailles et bovins) et bien-être animal, agroécologie, animaux de compagnie.
Avant de débuter le parcours pédagogique, les participants ont répondu à un test de connaissances initial pour lequel les réponses correctes n’ont pas été fournies. Ce même questionnaire leur a été de nouveau soumis à l’issue du parcours pédagogique de 4 semaines.
La moyenne de l’ensemble des participants obtenue avant le parcours pédagogique est de 5,92/10 points. Elle témoigne d’une assez bonne connaissance initiale des répondants. Cette note augmente avec un apport de connaissances pour atteindre la moyenne de 7,45/10. Néanmoins, nous avons pu observer que la progression du niveau de connaissances des participants est d’autant plus importante dans le groupe enrichi (51 %) que dans le parcours initial (20 %).
Un point notable, en lien avec notre constat initial : la perception de son propre niveau de connaissances est parfois en décalage avec la réalité. Ainsi, 27 des 100 répondants pensaient ne rien avoir appris au cours du parcours alors que seuls 3 d’entre ont en réalité un score au test initial et final identique. De la même façon, 60 participants pensaient avoir progressé grâce au parcours pédagogique alors qu’ils sont en réalité 81% !
In fine, l’apport de connaissances est réel, même s’il n’est pas toujours perçu par le citoyen.
Plus de la moitié des répondants déclare que le parcours pédagogique qu’ils ont suivi a changé leur perception de l’élevage. Parmi eux, une majorité indique que cette perception évolue de façon positive. 25% n’attribuent aucune de valence, ni positive ni négative, à ce changement de perception constaté : ces nouvelles connaissances leur permettent de pouvoir faire des choix plus éclairés.
A la question « Le parcours vous incite-t-il à porter une plus grande attention à vos comportements d’achat/de consommation, voire à les modifier ? », la grande majorité des participants répond par « oui » quel que soit le parcours pédagogique suivi. Parmi les changements déclarés de consommation, une plus grande attention sera apportée aux labels, aux modes d’élevage et à l’Etiquette bien-être animal (lien). Une attention particulière à la provenance des produits est aussi un critère de choix déclaré par les personnes ayant suivi le parcours pédagogique.
Le critère de bien-être animal dans l’évolution du comportement d’achat – déclaré – est beaucoup plus cité par les participants du parcours enrichi que ceux ayant suivi le parcours initial (32% contre 13%). Il semble que l’apport de connaissances du parcours initial oriente les consommateurs vers les produits labelisés (Label Rouge par exemple) alors que les participants du parcours enrichi déclarent davantage rechercher les produits bien notés via l’Etiquette bien-être animal.
Image : (c) OABA
17/11/2023