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Dynamique et impact du stress thermique sur le comportement, les boiteries et les performances zootechniques des vaches laitières dans le Grand Ouest

Le stress thermique est un sujet dont l’intérêt est croissant dans nos élevages. Il impacte la santé, le bien-être et la production des vaches laitières. Dans ce contexte, Oniris et INRAE, en partenariat avec le LIT OUESTEREL, encadrent une thèse pour comprendre l’impact du stress thermique sur (i) les modifications comportementales et physiologiques des vaches, (ii) les performances zootechniques et (iii) l’incidence des boiteries.

Le stress thermique un enjeu d’avenir pour les exploitations laitières françaises 

L’avenir nous réserve des épisodes de dérèglement climatique exacerbés par rapport aux conditions climatiques que l’on a connues jusqu’à maintenant. À l’horizon 2075-2100, la première région laitière française qu’est la Bretagne, connaîtra une augmentation du nombre de journées chaudes (>25°C) pouvant atteindre 35 jours (CRPF Bretagne-Pays de la Loire, 2019) selon le scénario RCP8.5 du GIEC (Mukherji et al., 2023).  Nos systèmes d’élevage et notamment les vaches laitières sont comme nous, sensibles aux épisodes de chaleur. La variabilité des conditions climatiques met et mettra à l’épreuve leur capacité à exprimer pleinement leur potentiel de production. Dans ce contexte, un compromis entre robustesse et exigences de production (volume et qualité) est essentiel pour garantir la durabilité de la filière laitière. Pour cela, il est nécessaire de développer des systèmes d’alerte fiables d’apparition du stress thermique pour mettre en place des mesures préventives et raisonner l’utilisation des solutions de rafraîchissement, coûteuses en eau et en énergie. Une fois identifiés, l’étude de la dynamique du stress dans le temps permettra d’identifier les vaches les plus résilientes au sein des troupeaux et d’adapter les stratégies de renouvellement en conséquence.  

Problématique et objectifs de la thèse

Le premier travail de cette thèse sera de définir les conditions de gamme de THI (en termes d’intensité et de durée) nécessaires à l’installation de conséquences néfastes pour les vaches laitières. L’impact du stress thermique sera ensuite décrit plus finement afin d’évaluer (i) les modifications de comportement des animaux, (ii) l’impact sur les performances zootechniques et (iii) l’incidence des boiteries : 

Modifications de comportements expand_more

Les modifications comportementales (budget/temps, densité des animaux par zone du bâtiment et temps de déplacement) seront suivies à l’aide de l’outil AI HERD dans plusieurs fermes. L’objectif sera de préciser l’amplitude et le délai d’apparition de ces modifications comportementales et physiologiques en fonction de l’intensité et de la durée au-dessus des seuils de THI. 

Impact sur les performances zootechniques expand_more

Les dynamiques des performances de reproduction et de production laitière en périodes de stress thermique seront étudiées. L’objectif est de définir l’amplitude et le délai d’apparition des dégradations des performances zootechniques en fonction de l’intensité et de la durée du stress. 

Incidence des boiteries expand_more

L’incidence, c’est-à-dire la dynamique de survenue, des boiteries après un événement de stress thermique sera étudiée. L’objectif est également de définir l’amplitude et le délai d’apparition des boiteries en fonction de l’intensité et de la durée du stress. 

élements de protocole

L’étude, en cours depuis juin 2024, se déroule sur une période de 15 mois et couvre deux étés consécutifs. Près de 900 vaches réparties sur 6 exploitations laitières situées dans la région Grand-Ouest sont impliquées et sont suivies tout au long de l’étude. 

Animal :  

– Les données de budget-temps et de répartition des animaux dans le bâtiment (dispositif Aiherd) ainsi que les données de production laitière sont collectées en continu dans chacune des fermes. 

– Un scoring de mobilité (grille ADHB) est réalisé une fois par mois sur quatre des six exploitations. Pour ces élevages, les données de parage sont aussi collectées de manière continue tout au long de l’essai 

– Les données de reproduction, de contrôle laitier ainsi que les bilans sanitaires sont relevé tous les trois mois dans toutes les exploitations. 

    Ambiance : Les données de température, d’humidité, de vitesse de l’air et de température ressentie (Température au globe noire) permettront de mesurer, en continu, différents indicateurs de stress thermique dont le THI. En complément, le confort thermique des vaches en période chaude en bâtiment est caractérisé par une carte thermique de chaque bâtiment d’élevage.  

    (0) – Etape préliminaire – Le seuil de stress thermique souvent utilisé est le THI =  68, mais des variations existent en fonction des pays, de la taille du troupeau ou du niveau de production. La première étape de l’analyse vise à définir les conditions de gamme de THI (en termes d’intensité et de durée) nécessaires à l’installation de conséquences néfastes pour les vaches laitières. 

    (i) – Les données collectées par le dispositif Aiherd misent en relation avec les cartes thermiques permettront d’analyser les effets décalés du stress thermique sur l’activité de l’animal (budget/temps et temps de déplacement) ainsi que celle du troupeau (densité des animaux pat zone du bâtiment).  

    (ii) – L’analyse des dynamiques des performances de reproduction et de production laitière en périodes de stress thermique s’appuiera essentiellement sur les méthodes de séries temporelles comme modèles autorégressifs.  

    (iii) – Une analyse de médiation combinée à une analyse des effets décalés du stress thermique permettront de tester l’hypothèse selon laquelle le stress thermique, induit une augmentation du temps passé debout à l’origine d’une augmentation de l’incidence des boiteries.  

    Pour en savoir plus

    Ce travail de thèse, mené par la doctorante Anne-Cécile Toulemonde, a débuté en octobre 2023 pour une durée de 3 ans. Le projet est encadré par l’UMR BIOEPAR (R. Guatteo, A. Madouasse) et l’UMR PEGASE (Y. Le Cozler).

    Pour plus d’informations, veuillez contacter Raphaël Guatteo : raphael.guatteo@oniris-nantes.fr

    03/10/2024