En France, 95% des porcs ont la queue coupée (Porcine Health Management, 2018). Bien qu’interdite en routine, cette pratique, appelée caudectomie, est donc encore très présente en élevage. Dans le cadre du plan de progrès en santé et bien-être animal élaboré par le LIT OUESTEREL en collaboration avec l’AEBEA, un objectif de 0% de porcs à queue coupée ou à queue longue abimée est visé.
Le comportement naturel des porcs est d’interagir avec les autres membres de son espèce, notamment par des interactions physiques. Il n’est donc pas rare de les observer mâchonner ou mordiller certaines parties du corps de leurs congénères. Mais lorsque ce comportement se transforme en morsure, entrainant des lésions, il est considéré comme anormal et désigné alors sous le terme de « caudophagie ».
L’importance du phénomène de morsure de queue reste mal connue en France, et est encore peu quantifiée (Courboulay et Drouet, 2018). On sait cependant qu’elle touche une part significative des élevages, puisqu’une étude de l’EFSA annonce que 30 à 70% des élevages européens sont concernés. Pour limiter ce phénomène, les élevages recourent à la coupe des queues des porcs, peu après leur naissance, ce qui divise par 4 le risque de morsure entre les animaux (FareWellDock, 2017).
Bien qu’efficace pour réduire le risque de morsures, la coupe de la queue représente une tâche pénible et chronophage pour les éleveurs. Elle occasionne de plus de la douleur opératoire et post-opératoire aux animaux. A ce titre, la filière porcine s’active depuis plusieurs années pour trouver des solutions permettant de s’affranchir de la caudectomie, tout en limitant la caudophagie. Mais les essais, terrain ou expérimentaux, des différents acteurs porcins, et de leurs résultats, restent mal connus.
Dans le cadre de ce projet mené par le LIT Ouesterel, la mutualisation et le partage de ces différentes expérimentations menées ou en cours, représentent le premier axe de travail de l’association.
Malgré les nombreuses expérimentations menées par la filière porcine, l’arrêt de la coupe des queues en élevage conventionnel n’a pas trouvé à ce jour la recette efficace et viable pour éviter la caudophagie. Afin de proposer de nouvelles pistes d’action à la filière, le LIT OUESTEREL va solliciter, dans le cadre d’un second axe de travail du projet, des personnes extérieures à celle-ci (professionnels d’autres filières animales, étudiants, …).
En s’affranchissant des points de fixation que se mettent instinctivement les professionnels porcins lors de leur recherche de solutions, le LIT espère pouvoir ainsi faire émerger de nouvelles propositions d’actions, ayant vocation à être reprises et testées ensuite en station expérimentale ou directement chez les éleveurs s’étant manifestés d’intérêt auprès de nous. Ces sollicitations d’un public extérieur auront lieu à partir de l’automne 2023 et les résultats seront présentés par la suite.
21/07/2023